Indice d’Audience Twitter des ESN en France – Novembre 2015

Les résultats du mois de Novembre 2015

Les 20 premières ESN en France ont gagné 1 732 followers durant le mois de Novembre 2015, soit une croissance de 1,4% (pour 1,8% au mois d’Octobre). Seule modification par rapport au classement du mois d’Octobre, Cap Gemini, malgré une forte augmentation en nombre de followers perd une place dans le classement au profit de Webhelp qui fait la meilleure progression du mois en pourcentage (7,8%).

IAT_ESN_1511

Podium_NbIAT_ESN_ProgNb1511

Podium_Pct IAT_ESN_ProgPct1511

Méthodologie

L’article Indice d’Audience Twitter décrit le mode de calcul de l’indice. Les résultats à fin septembre et fin octobre sont également disponibles sur le blog.

Une nouvelle vie

Sommes-nous des transhumanistes qui s’ignorent ?

Dans son numéro du mois d’octobre 2015, le magazine La Recherche décide de mettre le débat du transhumanisme sur la table en invitant dans ses colonnes François Berger, Franck Lethimmonier et François Sigaux, tous d’éminents scientifiques travaillant sur les implants cérébraux et les interfaces cerveau-machine, les technologies pour la santé ou l’innovation en cancérologie.

Leur réflexion est complétée par un article de la journaliste Viviane Thivent, la vision du philosophe Jean-Michel Besnier et une tribune du docteur Laurent Alexandre.

Le débat est important car comme le souligne Marc Roux cité dans l’article de Viviane Thivent : « Il est urgent que les citoyens et l’État s’emparent de ces questions afin que l’on ne se retrouve pas devant le fait établi par le secteur privé, dans un monde où par exemple les inégalités seraient creusées et où l’accès à une vie plus longue et en meilleure santé ne serait réservée qu’à une élite ».

Les réflexions sont passionnantes et méritent une large diffusion. Abonné à La Recherche, je laisse « traîner » mon exemplaire sur mon blog. Lecteurs de passage, profitez de votre séjour pour, comme chez votre coiffeur, votre médecin ou votre dentiste, attendre votre tour par une lecture instructive (un indice : il devrait être là…)

Indice d’Audience Twitter des ESN en France – Octobre 2015

Les résultats du mois d’octobre 2015

Les 20 premières ESN en France ont gagné 2116 followers durant le mois d’octobre 2015, soit une croissance de 1,8%. Seule modification par rapport au classement du mois de septembre, Akka Technologie gagne une place et prend le cinquième rang du classement aux dépens de Devoteam.

IAT_ESN_FR_1510

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IAT_Podium_Pct

Méthodologie

L’article de Indice d’Audience Twitter décrit le mode de calcul de l’indice. Le résultat à fin septembre est également disponible sur le blog.

FlashTweet : succès confirmé et nouveau cap !

Flashtweet 10k : un nouveau palier

FT10K

Le FlashTweet a entamé sa deuxième saison début septembre 2015. L’initiative a été présentée dans plusieurs documents et notamment sur ce blog dans Le rôle des influenceurs : voyage au coeur du FlashTweet.

Le 28 octobre 2015 est une date marquante pour la FlashTweet à double titre :

Le franchissement de ce nouveau cap est l’occasion de refaire un point sur l’évolution de ce rendez-vous matinal consacré au Digital, la Transformation Numérique et l’Innovation.

La saison 2 a démarré le 1er septembre 2015, date à laquelle le compte FlashTweet  était suivi par 7 600 followers. Deux mois plus tard, près de 35% de nouveaux followers ont rejoint les premiers aficionados (10 236 le 31/10/15). Une quarantaine de followers supplémentaires suivent donc le compte chaque jour. Le coup de projecteur sur BFM Business a permis d’accélérer le mouvement, puisque ce jour-là pas moins de 200 nouveaux followers se sont abonné au compte.

Les thèmes abordés par le FlashTweet

Les résultats présentés fin juillet sur la base d’une analyse sur 20 jours sont confirmés sur les 44 premiers jours de cette nouvelle saison. Les thèmes de prédilection d’Emmanuelle Leneuf marquent la même tendance :

  • #Infographie (en numéro 5) et #MustRead -ou exceptionnellement #MustSee- (en numéro 10) présents tous les jours
  • #StartUp, #ReseauxSociaux (ou #RS), #Tech, #Bigdata, #TransfoNum utilisés plus de sept fois sur dix
  • #Innovation, #Marketing et #i4Emploi apparaissant plus d’une fois sur deux

Le hashtag #i4Emploi représente à la fois une exception et une nouvelle initiative avec 23 occurrences sur la période. Ce hashtag a en effet été créé fin septembre pour venir en aide aux entreprises en difficulté ou aux personnes en recherche d’emploi. De nombreux #Twittos ont rejoint l’initiative et acceptent d’apporter leur contribution à la sauvegarde ou la recherche d’emplois.

Cela ne suffira évidemment pas à régler le problème du chômage. Mais nous avons là une excellente illustration du mythe du colibri comme le décrit Alban Jarry dans les Echos dans l’article « Les réseaux sociaux peuvent-ils ubériser l’aide à la recherche d’emploi » : « Pourquoi cette usine ? Pourquoi s’intéresser à 35 emplois alors que tant d’autres usines sont dans ce cas ? Je pense que c’est Yvon Patte qui l’a décrypté en évoquant la légende du colibri : «  Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part » ».

Retweets et Favoris

La sélection du #FlashTweet suscite toujours autant d’intérêt à en juger le nombre de retweet (en forte augmentation depuis le mois de juillet) et le nombre de tweets mis en Favori (stable depuis le mois de juillet) :

  • Au total les 440 tweets de la période ont été retweetés 13 751 fois, soit 31 retweets en moyenne (contre 29 au mois de juillet), avec un record à 141 retweets pour le tweet N°9 #Communication du 1er septembre 2015
  • 8 861 tweets ont été mis en favoris soit 20 en moyenne (comme au mois de juillet) avec un maximum de 111 mises en Favori pour ce même tweet N°9 du 1er septembre 2015

Le nombre total de retweets dépend évidemment de la fréquence d’utilisation des thèmes. Il est donc normal de retrouver dans le classement les thèmes les plus fréquents et les tendances observée au mois de juillet :

  • #Infographie, #MustRead, #Startup, #ReseauxSociaux, #Bigdata, #Tech, #i4Emploi, #TransfoNum, #Marketing et  #Innovation

La même tendance se retrouve évidemment avec les tweets mis en Favori, avec dans l’ordre:

  • #Infographie, #StartUp, #MustRead, #BigData, #ReseauxSociaux, #Marketing, #TransfoNum, #Tech, #Innovation, #i4Emploi

Le choix des twittos

Le même exercice rapporté au nombre de tweets émis dans le #FlashTweet (calcul de la moyenne pour chaque thème), permet de mieux dessiner les intérêts des twittos. Si quelques thèmes restent dans le classement, d’autres sont mieux positionnés. C’est le cas notamment de la Communication, de différentes formes de Marketing, de l’Intelligence Artificielle, de la Robotique ou de la Mobilité :

  • #Communication, #Webmarketing, #Infographie, #i4Emploi, #DigitalMarketing, #Robot, #IntelligenceArtificielle, #InboundMarketing, #BigData, #Mobile

En moyenne par thème le classement des Favoris présente lui aussi des écarts, avec notamment la Communication qui reste le thème numéro 1 (alors qu’il n’arrive qu’en 19ème position du classement des thèmes du FlashTweet avec seulement 3 occurrences), ainsi que la Mobilité et la FrenchTech  :

  • #Communication, #WebMarketing, #DigitalMarketing, #ContentMarketing, #Infographie, #Mobile, #StartUp, #FrenchTech, #Marketing, #BigData

Retweet vs Favori

Le rapport entre les retweets et les mises en Favori permet également d’analyser le comportement des followers du #FlashTweet : quelles sont les informations qu’ils préfèrent partager (en les retweetant) et lesquelles sont conservées (mises en Favori) ? Les thèmes plus retweetés (et donc davantage partagés) que mis en favoris sont :

  • #Exclu, #3DPrinting, #i4Emploi, #Internet, #Tech, #InboundMarketing, #ReseauxSociaux, #Robot, #IntelligenceArtificielle, #Web

A l’inverse, les thèmes plutôt conservés en Favori sont :

  • #ContentMarketing (le seul à être davantage mis en Favori que Retweeté), #RéalitéVirtuelle, #Telecom, #FrenchTech, #DigitalMarketing, #StartUp, #Media, #Marketing, #WebMarketing, #Mobile

Le thème de la FrenchTech, déjà identifié au mois de juillet, se retrouve à nouveau dans cette liste.

Durée de vie des tweets

L’analyse du #FlashTweet est aussi l’occasion de vérifier la durée de vie des tweets. Des mesures ont donc été faites pendant 37 jours, le jour de leur parution, le lendemain et le surlendemain.

Certaines études fixent la durée de vie d’un Tweet à quelques minutes, conseillant ainsi aux Twittos de renouveler leurs envois plusieurs fois dans la journée. Les tweets du #FlashTweet ne sont émis qu’une seule fois. Si les principales interactions ont effectivement lieu dans les 12 heures qui suivent, le nombre de retweets augmente cependant de près de 40% au bout de 24h puis encore d’un peu plus de 2% avant de se stabiliser.

Evolution RT

L’évolution des Favoris est assez similaire : un peu plus de 30% d’augmentation le lendemain puis pratiquement plus le surlendemain. Le nombre de Favoris est même souvent en baisse au bout de deux jours. Cela correspond au comportement assez fréquent de twittos qui mettent des Tweets en Favori pour les lire ultérieurement puis, éventuellement, les suppriment de la liste de leurs Favoris.

EvolutionFav

What’s next ?

Le succès du #FlashTweet ne se dément pas. Il est désormais bien installé, a trouvé son public et est devenu  « le plus petit media numérique du monde qui tient en 1400 caractères » comme l’a souligné Catherine Barba dans sa présentation sur BFM Business (Revoir l’émission « What’s Up New York » sur BFM Business)

Cap donc sur une nouvelle augmentation de l’audience, longue vie au #FlashTweet et pourquoi pas, d’autres initiatives du même type ! La créativité et l’imagination auront peut-être raison de ceux qui doutent encore de l’énorme potentiel de Twitter !

Infographie

Accéder à l’infographie animée du FlashTweet

Infographie_du_FlashTweet

Indice d’Audience Twitter

La problématique

Les sociétés sont de plus en plus présentes sur les réseaux sociaux en général et Twitter en particulier. Les usages restent encore à trouver et chaque secteur à ses propres motivations pour exister sur ces nouveaux espaces.

Les ESN (Entreprises de Services du Numérique) par exemple, utilisent Twitter pour :

  • Communiquer vers :
    • l’écosystème constitué de ses clients et prospects, ses fournisseurs, ses partenaires, ses concurrents
    • ses collaborateurs
  • Informer sur :
    • ses produits et services
    • ses opérations de marketing
    • ses références, ses savoir-faire
    • ses actions de sponsoring
    • les opérations menées en conformité avec la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE)
  • Mener des campagnes de recrutement
  • Offrir un Service d’Après-Vente à ses clients
  • et maints autres usages qui restent encore à développer

Il est donc important de disposer d’outils de mesure pour s’assurer que les investissements sont consentis à bon escient.

La première démarche consiste à mesurer son audience, c’est à dire le nombre de personnes qui peuvent accéder aux informations publiées. Sur Twitter les informations sont diffusées :

  • aux personnes abonnées au compte de l’entreprise (les followers)
  • aux personnes ou sociétés citées dans les Tweets (à travers l’adresse de leur compte)
  • aux personnes s’intéressant à un thème particulier identifié par un mot-clé : le hashtag (terme précédé du symbole #)

Des entreprises proposent des outils pour faire ces mesures et Twitter lui-même propose un outil d’analytics assez complet. Cet outil fournit par exemple :

  • Le nombre de Tweets émis sur une période
  • Le nombre d’impressions du Tweet à savoir le nombre d’opérations réalisées sur ces tweets :
    • Lecture du Tweet
    • Mise en favori du Tweet
    • Retweet c’est à dire réémission du Tweet avec un commentaire additionnel ou non
    • Réponse au Tweet
    • Clic sur une des zones cliquable : les adresses des comptes indiqués dans le Tweet, les hashtags, les images ou vidéo, les liens vers des pages web externes

Twitter_AnalyticsDans l’exemple ci-dessus, on note ainsi que 196 Tweets ont donné lieu à 78 500 impressions (en moyenne chaque Tweet a donc donné lieu à 400 interactions), ont entraîné 2 613 visites (chaque Tweet a donc conduit à 13 visites en moyenne) et 73 mentions (1 Tweet sur 3 a donc été repris d’une façon ou d’une autre).

Cet exemple avec des performances très moyennes par rapport à des comptes à forte audience ou très influents (les données ci-dessus ont été obtenues avec une audience de 700 followers environ; l’audience des ESN françaises par exemple, est en moyenne 5 à 10 fois plus importante), permet d’appréhender la capacité de diffusion qu’offre Twitter et donc l’intérêt pour des entreprises d’utiliser ce canal pour diffuser ses informations.

La plupart de ces informations ne sont cependant disponibles que pour son propre compte. Une des rares informations disponibles à tous est le nombre de followers. Cette information est accessible sur le compte Twitter de l’abonné mais également via une API permettant de la récupérer automatiquement. Elle ne donne pas la mesure exacte du nombre de personnes touchées mais à l’image de l’exemple ci-dessus, donne une bonne idée de la capacité de diffusion.

La comparaison entre pair

Indépendamment des analyses internes, il est toujours intéressant de se mesurer à ses pairs pour comparer ses actions avec les leurs et, le cas échéant, prendre les mesures adéquates pour améliorer ses performances.

En ce qui concerne les ESN, la comparaison passe déjà par une sélection :

  • La notion d’ESN prête encore à confusion; tout le monde ne prend pas en compte les mêmes sociétés
  • Leur couverture géographique n’est pas la même : certaines sont concentrées sur un pays ou une zone géographique, d’autres couvrent le monde entier
  • Leur métier peut différer sensiblement entre la part de prestations de services et la vente d’autres biens comme des logiciels (métier d’éditeur de logiciel) ou de matériel (métier de constructeur ou revendeur de matériel)

En France, paraît chaque année Le livre d’or des ESN qui fournit un classement des ESN françaises dans le monde et un classement des ESN présentes en France. Il présente des informations détaillées sur les deux derniers exercices concernant le Chiffre d’Affaire (CA), la rentabilité et les effectifs. Ces classements peuvent donc être une bonne base pour une comparaison.

L’élément de mesure

Intuitivement, la comparaison entre les ESN semble devoir s’appuyer sur :

  • le nombre de followers : même si cette valeur ne donne pas la mesure exacte de l’audience adressée, elle en donne une bonne idée. De plus, en considérant qu’avec un métier et une stratégie comparables, l’audience finale sera corrélée au nombre de followers dans les mêmes proportions pour toutes les ESN.
  • le nombre de salariés de l’entreprise : l’idée est de prendre comme référentiel des personnes (celles qui suivent l’entreprise par rapport à celles qui travaillent dans l’entreprise). Une entreprise ayant des actions de communications fortes envers ses salariés et qui utilise Twitter comme un canal de diffusion de communication interne, peut s’attendre à ce qu’une majorité de salariés s’abonnent à son compte. Dans la réalité ce n’est pas le cas et la plupart des ESN ne sont suivies que par une faible fraction (quelques pourcents) de ses salariés. Les salariés restent cependant pour toutes les entreprises la première source d’augmentation de leurs abonnés. Corréler un indice au nombre de salariés permet donc aussi de mesurer l’engagement des salariés à leur entreprise et est l’un des indicateurs du niveau de digitalisation de l’entreprise.

Au delà des salariés, les clients, concurrents, partenaires, fournisseurs…travaillant avec ces ESN ont des intérêts à suivre les informations qu’elles diffusent. Cette population est cependant difficile à estimer.

L’information concernant le nombre de salariés d’une entreprise n’est généralement pas simple à obtenir. Les groupes internationaux par exemple communiquent beaucoup sur le nombre total de salariés du Groupe mais rarement sur leur répartition géographique, gardant cette information pour leur communication interne. Ainsi le Livre d’Or des ESN publie le CA du Groupe, le CA réalisé en France mais uniquement le nombre total de salariés du Groupe.

S’agissant de sociétés de services et même si une part du chiffre d’affaires est réalisée sur la vente de matériel ou de logiciel, le CA est généralement fortement corrélé au nombre de personnes.

Le choix d’un périmètre

Afin de garantir le maximum de cohérence possible, le champ de l’étude porte sur :

  • Le TOP20 des ESN intervenant en France d’après le classement du Livre d’Or des ESN
  • Les comptes Twitter de ces sociétés en France

La plupart des ESN ont en effet de nombreux comptes Twitter pour distinguer leurs diverses activités mais également s’adresser à des territoires géographiques distincts.

Ainsi, les grands groupes internationaux ont généralement un compte Groupe (adressant souvent les Etats-Unis, leur localisation d’origine; les grands groupes Indiens, très présents dans le domaine des ESN sont encore très peu représentés en France) ainsi qu’une déclinaison dans différents pays. Les ESN du TOP20 ont ainsi toutes un compte en France.

Le choix de l’indice

Afin de s’assurer de la cohérence d’un indice, les mesures suivantes sont effectuées sur le TOP10 des ESN intervenant en France à partir des 3 données disponibles dans le livre d’Or des ESN : le CA mondial et le CA réalisé en France; le nombre de collaborateurs du Groupe.

Ils permettent de calculer les 3 indices suivants :

Indice1(CA Groupe) = Nombre_Followers(Compte Groupe) / CA(Groupe)

Indice2(Collaborateurs Groupe) = Nombre_Followers (Compte Groupe) / Nombre_Colaborateurs(Groupe)

Indice3(CA France) = Nombre_Followers (Compte France) / CA (France)

Les résultats obtenus

Résultat Groupe vs Résultat France

IAT_FR_WW

Huit ESN sur dix présentent une forte corrélation entre l’indice calculé en France (courbe orange) et celui calculé dans le monde (barres bleues).

Les quelques écarts relevés concernent des sociétés françaises d’origine ayant une activité à l’international. C’est le cas de :

  • Cap Gemini : le compte Groupe (@capgemini) -1,3 followers pour 1M€ de CA- est proportionnellement moins actif que le compte en France (@capgeminifrance) – 3,5 followers pour 1M€ de CA-
  • Altran est dans une situation analogue avec un compte @AltranFrance ayant plus de followers que le compte @Altran. Le compte de référence du groupe est donc celui de la France
  • Alten possède un compte groupe quasi inexistant. Le compte de référence est donc celui de la France.
  • Gfi Informatique dont le compte français est également d’une certaine manière le compte groupe (d’autres comptes sont ouverts en Belgique, Suisse, Espagne, Portugal e Maroc). Un même nombre de followers étant utilisé pour la CA Groupe et le CA France, le premier indice est donc en retrait par rapport au second.

IBM et HP présentent des écarts beaucoup plus importants. Le nombre de followers pour IBM est dans un rapport de 1 à 10 entre la France et le Groupe. A l’inverse le compte @HP_France a proportionnellement 4 fois plus de followers que le compte @HP.

HP a également beaucoup plus de followers que les autres ESN en raison probablement de ses multiples activités dans le domaine des services mais également dans la vente de matériel pour le grand public.

IAT_FR_WW2

Indice lié au CA vs Indice lié au nombre de collaborateurs

Cette comparaison montre également une forte corrélation entre les deux valeurs pour les mêmes huit sociétés du TOP10. Les deux valeurs présentant les mêmes ordres de grandeur au niveau mondial, la situation doit être sensiblement la même au niveau de la France et l’indice peut être calculé sur le CA réalisé en France, valeur plus aisément accessible que le nombre de collaborateurs.

IAT_CA_SAL

En ce qui concerne IBM et HP, la situation est cette fois un peu différente : pour IBM, même si l’écart est un peu plus important, on peut considérer qu’il reste dans la lignée des autres ESN (écart de 35% pour, 30% dans le cas d’Accenture et environ 35% pour Gfi Informatique).

En revanche HP présente un écart beaucoup plus important. En prenant l’hypothèse que l’indice appuyé sur les collaborateurs en France est le même, la correction sur le CA présentée plus haut permettrait de revenir à un écart plus raisonnable (42% à rapprocher des 30 et 35% ci-dessus).

IAT_CA_SAL2

Conclusion

Ces différentes analyses permettent de valider la pertinence de l’Indice d’Audience Twitter pour les ESN en France. Même s’il n’est pas parfait, il permet cependant de comparer les différentes ESN entre elles (avec quelques réserves pour HP et dans une moindre mesure pour IBM). Une publication régulière de cet indice permettra également de mesurer les progressions réalisées par les différentes ESN.

Le calcul de l’Indice d’Audience Twitter des ESN est donc effectué comme suit :

I@ESN = Nombre_Followers / CA

Pour le mois de septembre (mesure effectuée en fin de mois), le classement du TOP20 des ESN en France ressort comme suit :

IAT_ESN_1509

Baromètre Twitter des ESN en France – Octobre 2015

Comment les ESN (Entreprises de Service du Numérique) utilisent-elles Twitter ?

En attendant une étude plus approfondie, ce baromètre analyse le nombre de followers du TOP20 des ESN en France. Cet indicateur a le mérite d’être facilement accessible et donne une indication sur l’audience de ces sociétés, c’est à dire le nombre de personnes ayant accès aux informations qu’elles diffusent sur Twitter.

La mesure est effectuée sur les 20 ESN qui réalisent le chiffre d’affaire le plus important en France. Plusieurs d’entre elles sont représentées au niveau mondial mais seul le CA réalisé en France est pris en considération. Les informations détaillées sur le CA, la rentabilité ou les effectifs sont disponibles dans Le livre d’or des ESN 2015 

Ces ESN possèdent généralement plusieurs comptes Twitter. Pour conserver la cohérence du classement en fonction de leur CA en France, les comptes Twitter analysés sont, s’ils existent, leur déclinaison en France.

Deux informations sont fournies sur le premier graphique :

  • Le nombre de followers
  • La variation du nombre de followers depuis début septembre 2015. Cette information provient d’un classement diffusé le 08/09/15 sur le site Human Coders (@humancoders). Ce classement n’avait cependant pas pris la même référence d’ESN (il comprenait beaucoup d’agences Web) et certaines des sociétés référencées dans le livre d’Or n’y figuraient pas. En l’absence de la donnée du début du mois de septembre, le chiffre retenu est celui de fin septembre (la progression sur le mois est donc nulle).

Le nombre de followers de HP France étant très largement supérieur aux autres ESN, la donnée est tronquée pour éviter l’effet de tassement sur les autres valeurs.

Tweet_ESN_1509Le point à fin septembre 2015

  • La croissance sur un mois (en excluant les 6 sociétés n’ayant pas de référentiel à début septembre) est d’environ 2,3%
  • Cap Gemini, SopraSteria, Atos et Gfi Informatique ont une croissance supérieure à cette moyenne (entre 3 et près de 7%).
  • Les entreprises les plus suivies sont :
    • HP France qui regroupe cependant des activités plus diversifiées que les autres sociétés (services mais également vente de matériel et de logiciel)
    • Accenture France
    • CSC, seul compte d’une société étrangère n’ayant pas de déclinaison en France. Contrairement aux autres sociétés, il s’agit donc d’un compte mondial.

Ces résultats montrent également que la présence sur Twitter n’est pas corrélée au chiffre d’affaire des entreprises. Pour mémoire, les deux premières entreprises réalisent un CA de plus de 2 milliards d’euros, là où les 7 dernières réalisent entre 200 et 500 millions d’euros, soit entre 5 et 10 fois moins.

Dans le monde des entreprises, il peut être intéressant de comparer le nombre de followers au nombre de salariés de l’entreprise, dans la mesure où une action de communication interne bien ciblée pourrait avoir comme objectif d’animer l’ensemble des salariés autour de son compte Twitter.

Le Chiffre d’affaire étant relativement corrélée au nombre de salariés dans les ESN, il est alors possible de créer un Index de l’Audience Twitter des ESN calculé comme suit :

I@ESN = Nombre_Followers / CA

Le CA étant exprimé en millions d’euros.

Au mois d’octobre, le classement des ESN en France selon cet Index est le suivant :

IAT_ESN_1509Les résultats semblent relativement cohérents. Seuls les Index des deux premières sociétés (HP_France et CSC) ne sont pas réellement comparables aux autres :

  • HP France en raison de la diversité de ses activités
  • CSC en raison de sa couverture géographique (l’adresse Twitter étant l’adresse mondiale, le CA à retenir devrait être le CA global de la société). Sur cette base CSC passerait à l’avant-dernière position avec un Index de 0,9

Classement des ESN (par audience Twitter)

Le 08/09/15 le site Human Coders (@humancoders) diffuse un classement des ESN en France. Initiative louable et intéressante mais exercice délicat dans la mesure où il est toujours difficile d’interpréter des données livrées sans explications. Ainsi de ce classement :

  • quelle est la cible ? quelles sociétés compare-t-on ?
  • quelle est la mesure ?

Quelles sociétés sont classées ?

Une tentative de réponse est donnée à la lecture du classement :

  • Il s’agit d’un classement des ESN en France  (Entreprises de Services du Numérique)
  • Ce classement mélange cependant des entreprises ayant des activités très différentes et sont donc, à ce titre difficilement comparables. On y trouve en effet :
    • de nombreuses agences Web et de communication (dont d’ailleurs les 3 premières du classement)
    • des ESN généralistes de toutes tailles dont la plupart des sociétés du Top10 en France (Atos, Cap, SopraSteria, CGI, Gfi Informatique) qui figurent dans le Top20 de ce classement
    • des ESN plus petites, certaines d’entre elles se positionnant sur des niches technologiques (c’est le cas notamment, dans les toutes premières du classement de SensioLabs, d’OctoTechnology ou de Xebia)
    • des hébergeurs ou spécialistes de solutions d’infrastructures comme ClaraNet ou SCC
  • D’autres sociétés sont oubliées. C’est le cas de :
    • Accenture, OBS, IBM, HP et Econocom : référencées dans le Top10 des ESN en France
    • SopraSteria est multi représenté puisqu’on y trouve le Groupe mondial, le site français et le site de recrutement. En revanche :
      • Atos, groupe mondial est cité mais pas Atos France (qui avec 1724 followers devrait pourtant y figurer);
      • Cap Gemini (plus de 60 000 followers) n’y est pas, seul Cap Gemini France est référencé; idem pour CGI : le Groupe mondial n’y est pas, ni son site de recrutement, seul le site français est représenté

Quelle est l’unité de mesure ?

Le classement est effectué en fonction du nombre de followers. La donnée est l’une des rares données publiques. En ce sens le choix est pertinent.  Cela dit, cette donnée est-elle réellement significative ? N’y a-t-il pas moyen de trouver une mesure plus pertinente ?

Un des défaut de cette mesure est sa volatilité. La question s’est d’ailleurs posée à de nombreuses reprises au cours de la journée. Plusieurs Twittos mettaient en cause des chiffres aisément vérifiables. Une simple mention de la date de la mesure aurait cependant suffit à répondre à cette objection.

En complétant le nombre de followers par leur évolution, la classement prend immédiatement une autre dimension. Une prochaine étude serait donc bien inspirée de repartir de ce référentiel (en le datant) et de mesurer l’écart entre deux mesures. Il est ainsi possible d’identifier les vitesses d’évolutions des différentes sociétés et de mettre le classement à jour.

Dans les graphiques ci-dessous, l’hypothèse (non vérifiée) est que la mesure initiale a été effectuée début septembre. La seconde mesure date du 08/09/15.

ProgressionESN

Certaines sociétés ont connu des croissances très importantes; la grandes majorité d’entre elles ont évolué entre 3 et 6% (l’évolution moyenne sur les 50 entreprises est de 4,5%); deux sociétés ont vu leur nombre de followers baisser. S’il se confirme que la mesure initiale date de début septembre, nous sommes sur des niveaux de croissance significatifs qui constituent en soi une information intéressante.

ProgressionESN2En comparant les deux mesures (barres oranges pour la mesure initiale et courbe bleue pour la nouvelle mesure), il est aisé de voir que le classement à quelques exceptions près n’est pas bouleversé : les grandes tendances sont bien respectées.

Que faut-il en conclure ?

Nous l’avons vu, le classement pose beaucoup de questions. S’agissant de données brutes et sur un périmètre assez flou, il est difficile d’en tirer des conclusions. Il donne cependant une tendance (à confirmer par de nouvelles mesures) et peut être la base d’une analyse plus approfondie, par exemple avec une typologie plus précise des sociétés et une analyse plus approfondie (avec d’autres indicateurs que les seuls followers.

Des éléments de réponse sont en cours. Stay tuned et surveillez ce blog… !

Référence :

Le tweet initial de @humancoders contenant le lien vers le classement : https://twitter.com/humancoders/status/641151612032036865

Culture de non-embauche ou mal plus profond ?

La culture de non-embauche

Le 09 juin 2015, Francis Bergeron, DRH de SGS France est interrogé par Stéphane Soumier dans l’émission Good Morning Business sur BFM Business. Il y aborde notamment la réforme des indemnités aux prud’hommes et son impact pour les entreprises. Impact sur le plan financier (provisions pour risques prudhommaux) pour gérer les risques et litiges mais également sur leur politique de l’emploi, le risque de litige étant présenté comme un frein psychologique à l’embauche.

Francis Bergeron évoque alors la culture de la non-embauche qui s’est développée dans les entreprises : les entreprises n’embauchent que lorsque toutes les autres solutions auront été épuisées !

HSBC débauche

Le même jour la banque HSBC annonce s’apprêter à se délester de près de 10% de ses effectifs dans le monde, soit près de 25 000 emplois. Cela concerne cette fois le monde entier (pas uniquement la France) et la décision n’a rien à voir avec le nombre de pages du Code du Travail français, ni avec la réforme des Prud’hommes.

Les uns débauchent. Les autres n’embauchent pas. Encore de mauvaises nouvelles pour les millions de chômeurs.

Y a-t-il vraiment une culture de non-embauche ?

Et dans ce cas, est-elle due à la complexité de notre Code du Travail ou à des causes bien plus profondes ?

Force est de constater que malgré des signes de reprise économique, la courbe du chômage n’en baisse pas pour autant. Les périodes de crise permettent aux entreprises de progresser dans la maîtrise de leurs dépenses et d’améliorer leur productivité. Elles savent aujourd’hui faire plus et mieux avec les mêmes effectifs.

Il reste quand même des activités qui, par nature, ont besoin d’un nombre de plus en plus important de ressources humaines : c’est le cas des prestations d’aide à la personne mais plus largement, de toutes les activités de service. Ainsi, les Entreprises de Services du Numériques (ESN) continuent à recruter massivement et multiplient les initiatives (utilisation des réseaux sociaux, recrutements dans des lieux insolites, …) pour se différencier de leurs concurrents et attirer les talents. Près de 20% de nouveaux salariés viennent ainsi grossir les rangs de ces sociétés chaque année et malgré un turnover relativement élevé, le solde reste largement positif. Mieux encore, ces embauches sont principalement des CDI alors que globalement, sur le marché français, CDD et intérim constituent désormais la large majorité des contrats signés.

La transformation digitale des entreprises

Les entreprises en pleine transformation numérique investissent lourdement pour s’adapter aux nouveaux marchés, automatiser des tâches et … utiliser moins de personnel. Ces investissements passent majoritairement par des outils logiciels, des robots, des processus automatisés…bref de l’informatique encore majoritairement réalisée par des femmes et des hommes. Les ESN profitent donc de cette importante demande et même si la pression sur les prix est de plus en plus forte, arrivent encore à faire de la croissance et dégager quelques profits.

Les personnes recrutées dans les ESN sont majoritairement des consultants facturables à leurs clients. Pour le reste, elles sont logées à la même enseigne que les autres entreprises : recruter en dernier ressort et limiter ce que Francis Bergeron appelle « les petits boulots » qui autrefois servaient de marchepied pour entrer dans l’entreprise par la démonstration in situ d’une compétence et d’une capacité de travail.

Cette situation est-elle pérenne ?

Rien n’est moins sûr… Le développement informatique, activité qui représente encore une part importante des prestations proposées par les ESN, est en train de muter. Les progrès accomplis dans le domaine de l’Intelligence Artificielle, permettront probablement dans peu de temps, d’industrialiser encore davantage cette activité, de générer le code automatiquement (nous en sommes encore aux balbutiements) et de contrôler le bon fonctionnement des applications réalisées de façon bien plus exhaustive et plus efficace que ne le font les humains.

La plupart des métiers que nous connaissons actuellement sont en pleine mutation. Des robots effectuent de plus en plus de tâches autrefois effectuées par des êtres humains ; la voiture autonome sans conducteur préfigure un monde sans chauffeurs de taxis, tout comme les avions voleront probablement sans pilotes (le crash de l’A320 dans les Alpes pèsera probablement dans cette décision). Joanne Elgart Jennings dans un papier récent (cf la référence en fin d’article) prédit des disparitions de métiers plus étonnants : les pharmaciens, les avocats et les journalistes.

Guy Vallancien dans le Huffpost (cf référence en fin d’article), au travers du cas des anesthésistes, démontre que le combat est perdu d’avance contre les robots : plus d’efficacité pour un coût moindre ! Aujourd’hui déjà, les robots raflent la mise : « Le lobby des anesthésistes américains tente de retarder l’arrivée de la machine infernale sur le marché. Mais le calcul économique l’emportât : pour une meilleure efficacité mieux vaut payer 200 dollars de procédure réalisée par un robot que 2000 dollars d’honoraires pour le médecin spécialiste. »

Les médecins bientôt débordés par les progrès réalisés dans le domaine de l’intelligence artificielle seront demain nos infirmières d’aujourd’hui selon la formule du Docteur Laurent Alexandre. Les ordinateurs et les algorithmes seront bien mieux armés qu’un escadron de docteurs House pour interpréter les millions de données disponibles grâce au séquençage ADN et effectuer rapidement le bon diagnostic.

Hank Pelissier sur le site de l’IEET (cf référence en fin d’article) se demande même s’il ne serait pas préférable de remplacer les hommes politiques par des robots. En effet, écrit-il, les robots avec de l’intelligence artificielle peuvent déjà remplacer les fermiers, les ouvriers d’usine, les employés des Fast Food, les enseignants, les pilotes d’avions et les conducteurs de voitures et de camions. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Parce que des machines rationnelles et focalisées sur leurs tâches sont plus efficaces que les êtres humains. Ils coûtent moins chers et font moins d’erreurs.

Dans ces conditions, s’interroge-t-il, pourquoi ne pas remplacer les hommes politiques, qu’il décrit comme « ces bureaucrates souvent psychopathes qui nous gouvernent, ces manipulateurs, ces magouilleurs qui font les choux gras de nos médias avec leurs scandales de corruption, leurs frasques sexuelles, leurs crimes. »

Vu sous cet angle, il est vrai que la question mérite d’être posée. Décidement, toutes les professions sont concernées par cette (r)évolution.

Inventons aujourd’hui les métiers de demain

A côté de cette transformation profonde qui n’ira qu’en s’accélérant dans les années à venir, certains débats paraissent bien dérisoires. Les discussions sur le contenu -et la simplification- du Code du Travail sont certes indispensables. Il faudrait éviter cependant de le considérer comme le rempart ultime aux bouleversements que nous vivons sans quoi il risque fort d’incarner les futures lignes Maginot du monde du travail.

Souvent à la pointe des innovations, les ESN comme la plupart des entreprises, doivent, elles aussi, réinventer les métiers de demain. En réponse aux défis posés dans le domaine de la santé, Guy Vallancien propose une piste : les nouveaux métiers seront non techniques; le développement de l’intelligence artificielle nécessitera de plus en plus de relations humaines.

Un juste retour des choses et une piste à suivre…

Références :

Référence de l’article de Joanne Elgart Jennings : https://twitter.com/phausherr/status/602216885149704192

Interview de Francis Bergeron par Stéphane Soumier sur BFM Business: http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/audio/bfm-0906-gmb-francis-bergeron-210836.html

Article de Guy Vallancien dans le HuffPost :

http://m.huffpost.com/fr/entry/7560338

Article de Hank Pellissier sur le site de l’IEET (Institut de l’Ethique et des Technologies Émergentes) :

http://ieet.org/index.php/IEET/more/pellissier20150612

Hello Twitter !

Le 21 juin 2015, un tweet énigmatique faisait la une de l’actualité :

Hello_Twitter_Jack is back2

Signé DSK @dstrausskahn, un compte certifié par Twitter, a permis à son auteur d’obtenir immédiatement plusieurs milliers de suiveurs (followers) et de susciter nombre de commentaires. Daniel Cohn-Bendit en a fait le sujet de sa chronique matinale sur Europe 1. Selon lui, il s’agit d’un canular : « Rien n’est vrai. Tout le monde est tombé dans le piège ». Peu importe qu’il s’agisse, comme le rappelle Thomas Sotto, d’un compte certifié. Quelques jours plus tard, le 27 juin, le même compte publie un nouveau message qui semble lever les derniers doutes, tout comme la tribune, le 18 juillet 2015, à ses amis allemands pour analyser finement et avec du recul, les conséquences de l’accord avec la Grèce.

Hello_Twitter_Grece

En attendant, dans sa chronique, Daniel Cohn-Bendit n’y croit pas un instant : Dominique Strauss-Kahn est « trop intelligent pour faire ce genre de bêtise ». Et d’ajouter : « Ce genre de tweet est ridicule. C’est insignifiant ! ». Difficile de lui donner tort sur ce seul tweet.

Tout comme il est difficile de comprendre le phénomène Obama. Le 18 mai à 22h30, plus d’un million de followers suivaient le président Barack Obama (@potus) qui venait de publier son premier tweet personnel 4h30 plus tôt. Ce tweet, sans grand intérêt il faut le reconnaître, était alors retweeté 208 000 fois !

Il est difficile de parler du seul aspect viral de Twitter pour expliquer cet exploit. Tous les medias ont relayé cette « information » ; la curiosité a fait le reste. En effet, le tweet du président américain ne respecte pas les canons classiques de l’outil (nombre de followers, utilisation de hashtag) pour justifier ce raz de marée. Deux mois plus tard, ce même tweet était retweeté plus de 420 000 fois et le compte dépassait les 3,2 millions de followers pour 87 tweets émis, soit environ deux par jours.

Hello_Twitter_Obama

A y regarder de plus près, le sujet de la chronique de Daniel Cohn-Bendit n’est pas tant l’analyse des propos réels ou supposés de Dominique Strauss-Kahn que celle du média Twitter. « Ça ne m’intéresse pas le Tweet. Je travaille tous les matins sur Europe 1, je parle donc je dis ce que j’ai envie de dire ». Et de conclure, d’un définitif : « Le Tweet n’est pas un moyen de communication qui permet d’expliquer les choses ».

Communiquer et être court

Il est toujours délicat de faire des généralisations à partir d’un cas particulier. Il faut également reconnaître que les deux exemples cités sont loin de faire figure d’exception : nombre de tweets sont au degré zéro de l’informatio et de la communication. Mais, il y en a aussi beaucoup d’autres.

Twitter, site de micro-blogging, est souvent classé dans les réseaux sociaux et comparé à ce titre à Facebook, mais aussi Instagram, Youtube ou des réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn ou Viadeo. Sa spécificité : des messages (tweets) de seulement 140 caractères, qui le rend particulièrement adapté à un usage mobile. Cette particularité est intéressante pour son développement dans la mesure où, en 2015, les smartphones représentent déjà l’équipement le plus souvent utilisé pour accéder aux informations au point d’ailleurs que Google a modifié son algorithme de recherche. Désormais, les sites internet compatibles avec la mobilité (taggués #MobileFriendly sur Twitter) sont privilégiés par rapport aux sites classiques.

Cette obligation de concision participe également de son aspect viral : l’outil est très interactif et rapide, les informations se diffusent comme une trainée de poudre, qu’elles soient intéressantes ou parfaitement anecdotiques comme le message de Dominique Strauss-Kahn.

Un message court, porte d’entrée vers l’information réelle

Pour compléter et illustrer les informations transmises, des photos ou une vidéo peuvent être jointes au message. Il en coûtera 23 caractères sur les 140 autorisés réduisant d’autant la longueur du message mais donnant davantage de visibilité au message. L’extension la plus intéressante est cependant le lien vers une page web. Correspondant lui aussi à 23 caractères, il réduit la taille du message à 94 caractères. Avec ce lien, le tweet se transforme en point d’entrée vers une information beaucoup plus détaillée. Le message et son illustration ne constituent alors qu’une accroche pour éveiller la curiosité du lecteur et l’orienter vers l’information proprement dite.

Reste à partager cette information avec le plus grand nombre. Là aussi, Twitter dispose d’éléments souvent différentiant par rapports aux réseaux sociaux. Outre l’envoi sur les fils d’actualités des followers de l’émetteur, ces informations peuvent également être retrouvées avec les adresses mentionnées dans le tweets et surtout avec les hashtags, ces mots-clés préfixés du caractère # utilisés comme index de recherche. Pour une diffusion optimale, il convient donc de bien choisir les thèmes qui peuvent attirer l’attention des lecteurs. Avec 350000 tweets émis chaque minute, il est en effet important de disposer de moyens d’accéder rapidement à l’information souhaitée.

Il y a, en 2015, plus de 300 millions d’utilisateurs actifs dans le monde (6,6 millions en France). 35% des utilisateurs ne postent pas d’informations, ni ne les commentent. Ils se connectent sur leur compte uniquement pour prendre connaissance des informations diffusées par les autres.

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Twitter le nouveau kiosque à journaux

Le Pew Research Center a publié une étude intéressante le 14 juillet 2015 (cf référence en fin de document) sur l’utilisation de Twitter et de Facebook pour accéder aux informations. Elle montre notamment qu’en 2015, 63% des utilisateurs utilisent Twitter pour s’informer, soit une progression de 11% depuis 2013. Cette augmentation touche toutes les catégories socio-professionnelles, toutes les catégories d’âge, les femmes aussi bien que les hommes.

Elle est probablement liée à une conjonction de facteurs : les modifications des comportements des utilisateurs, les possibilités offertes par les plateformes pour donner plus facilement accès aux informations mais également, bien entendu, l’utilisation de plus en plus importante de Twitter par les différents médias.

Pour la plupart des informations, les usages sont sensiblement les mêmes sur tous les supports. Twitter est cependant davantage utilisé que Facebook dans quatre domaines : la politique nationale (72 % pour Twitter contre 61 % pour Facebook), les affaires internationales (63% vs 51 %), les entreprises (55 % vs 42 %) et les sports (70 % vs 55 %). Twitter est aussi utilisé deux fois plus que Facebook pour suivre les informations en temps réel. La concision des messages, la rapidité de diffusion, le filtrage par hashtag et les possibilités de live tweet expliquent probablement cette préférence.

Un message court au risque de la trivialité

Lorsque Daniel Cohn-Bendit dit qu’il tweete sur Europe 1, il prend d’emblée la posture du communiquant, qu’il est, et non pas de la grande majorité des utilisateurs qui utilisent Twitter, ou la radio d’ailleurs, pour obtenir de l’information. Pour un Daniel Cohn-Bendit qui prend la parole il y a plusieurs centaines de milliers d’auditeurs qui écoutent, plus ou moins attentivement, son message du jour.

La plupart des médias (radio mais également télévision, presse écrite…) ne sont pas adaptés à un débat avec ses auditeurs ou lecteurs. Twitter qui fait de l’instantanéité et des échanges entre internautes un de ses points forts, n’est pas mieux loti pour des échanges constructifs. La situation pourrait évoluer grâce à la levée de la contrainte des 140 caractères dans les réponses aux Tweets. Cette nouvelle fonctionnalité est progressivement mise en place depuis le 1er juillet 2015.

La limite de la taille des messages conduit souvent les internautes à simplifier et partir sur des commentaires triviaux voire désobligeants. En témoigne cet échange qui fait suite à une réflexion aussi courte que saignante :

Hello_Twitter_Tweet1

Hello_Twitter_Tweet2

Certains en font même la cause d’une future disparition de Twitter :

Hello_Twitter_Tweet3

Où en est la Presse en France ?

L’âge d’or de la presse écrite a eu lieu à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, période pendant laquelle elle a connu une forte croissance. Sa position de monopole de fait, a été battue en brèche avec l’arrivée de la radio et la télévision qui se sont progressivement imposées à leur tour sur le marché des médias.

En 2013, les journaux Libération, La Croix et Les Echos diffusaient un peu plus de 100 000 exemplaires, l’Equipe 250 000 exemplaires et le Monde 300 000 exemplaires.

La tendance depuis est encore au tassement : entre 1999 et 2013 les journaux perdent entre 10 et 35% de leurs lecteurs. Seuls Les Echos (+3%) et La Croix (+20%) ne suivent pas la tendance.

Hello_Twitter_Presse

La presse régionale en-dehors d’une dizaine de titres avec une diffusions autour de 100 000 exemplaires et une autre petite dizaine entre 250 000 et 350 000, a des diffusions un peu plus importantes (chiffres 2011) :

  • une dizaine de journaux dans la tranche 350 000 à 650 000 exemplaires
  • quelques millionnaires (ou presque) avec :

o La Dépêche du Midi : 0,8 M exemplaires,

o Le Progrès : 0,85 M exemplaires,

o Le Dauphiné libéré : 0,95 M exemplaires,

o Sud-Ouest : 1,1 M exemplaires,

o La Voix du Nord : 1,15 M exemplaires

o Ouest-France : près de 2,5 M exemplaires.

En revanche, les titres gratuits caracolent en tête avec des diffusions à 3-4 M d’exemplaires, mais avec un taux de circulation plus faible en moyenne que celui des titres payants : entre 2 et 4 lecteurs en moyenne par journal gratuit, là où les journaux payants sont lus par 4 à 8 lecteurs par journal.

La Presse face au Net

Cette situation est complètement bouleversée par les changements apportés par le  Net. Une première vague est venue des PC et des moteurs de recherche, Google en tête, qui ont permis de trouver rapidement, toutes sortes d’informations. Le phénomène a ensuite été amplifié par les tablettes et les smartphones : désormais tout le monde est connecté en permanence et est informé en continu.

Pour faire face à cette évolution les journaux ont évidemment cherché des parades : en livrant les journaux aux particuliers aux aurores, en envoyant la veille au soir, par messagerie une version numérique du journal ou en développant une application spécifique adaptée aux tablettes et aux smartphones. Sur le fond cependant, les invariants n’ont pas changés :

Journal (papier ou numérique) Information Web
Abonnement Gratuit (hors informations des extensions des journaux)
Ligne éditoriale Tous sujets, toutes opinions
Informations de la veille Informations en temps réel
Quantité d’informations limitée par le support Aucune limite

Difficile de lutter dans ces conditions…

Les initiatives de la Presse

Les journaux ne baissent pas les bras pour autant. Ils disposent tous aujourd’hui d’un site internet leur permettant de diffuser de nouvelles informations et créent de nouvelles applications sur les nouveaux supports dans l’espoir de conserver leurs lecteurs et si possible d’en capter de nouveaux.

Ils continuent également à revoir leur formule, proposant de nouvelles mises en page et de nouveaux contenus, quitte à accoucher d’un résultat décalé par rapport à l’attente de leurs lecteurs. Ainsi Libération, propose le 1er Juin 2015, une formule révisée qui n’a pas vraiment fait l’unanimité auprès de ses lecteurs avec sa nouvelle graphie jugée illisible.

Hello_Twitter_Libe

Les lecteurs du journal sur tablette sont probablement moins critiques. Peu importe pour eux, la présentation « papier ». L’article qu’ils lisent garde une présentation plus classique, le fond étant privilégié sur la forme.

Hello_Twitter_Libe_iPad

Le Monde de son côté propose désormais, pour 1,99€ par mois, sa Matinale, application dédiée au smartphone proposant à 7h une compilation d’articles que le lecteur peux swipper (déplacement à gauche pour passer, à droite pour sélectionner) pour se concocter sa propre sélection.

Hello_Twitter_Matinale

Les Echos quant à eux, proposent une version « Live » dédiées aux smartphones et tablettes couplée avec l’abonnement au journal.

Hello_Twitter_Les Echos

Twitter, réseau d’information

Pour Evan Williams, le cofondateur de Twitter : « C’est un réseau d’information, même si certains veulent en faire un réseau social ».

Pierre Stéphan (@pierrestephan), Consultant – cabinet Infhotep, écrit dans une chronique des Echos du 09/06/15, justement intitulée «Non, Twitter n’est pas un réseau social » :

Le terme de réseau social est introduit dès 1954 par l’anthropologue John Arundel Barnes dans le cadre d’une étude portant sur l’organisation sociale d’une petite ville de Norvège à travers l’analyse des relations des habitants entre eux.

Barnes y définit un réseau social comme étant un « ensemble d’identités sociales représentées par des individus, des groupes d’individus ou des organisations reliées entre elles par des liens générés lors d’interactions sociales ».

Un réseau social est donc « un ensemble d’individus liés par des mises en relation et des échanges réciproques. »

Le réseau social suppose de la réciprocité. Cette réciprocité bien présente sur Facebook, LinkedIn ou Viadeo pour ne citer que ceux-là, n’existe pas sur Twitter.

Sur Twitter, nul besoin d’être suivi par les personnes ou organisations pour avoir accès à leur fil d’information. Les relations sur Twitter sont asymétriques, elles n’engagent pas de réciprocité. Sans réciprocité, il n’y a pas d’interaction. En ce sens, il est donc difficile de parler de « réseau social » pour Twitter.

Twitter, réseau d’information en temps réel

À l’image des plateformes de blog, Twitter est une tribune, un espace offert pour s’exprimer auprès de son audience.

Mais si cet espace est ouvert à tous, il n’y a pas d’égalité quant à la portée des messages émis. Cette fameuse « asymétrie des relations » engendre un déséquilibre entre les suiveurs et les suivis.

Privés d’audience, la majorité des utilisateurs sont d’ailleurs muets comme l’illustrent les chiffres issus d’une étude d’Ipsos de 2013. Parmi les utilisateurs actifs sur Twitter, 33 % twittent au moins une fois tous les deux jours, 13 % twittent plusieurs fois par jour, 59 % lisent des comptes Twitter au moins une fois tous les deux jours.

Twitter apparaît davantage « comme un moyen d’information que de communication » conclut cette même étude. Un petit nombre prend la parole pour un grand nombre qui la consomme, passif, à l’image des grands médias que sont la télévision, la radio, ou la presse écrite.

Loin d’être un moyen d’alimenter et d’animer son réseau personnel ou professionnel (comme LinkedIn ou Facebook), Twitter propose autre chose. « C’est un outil de travail », « un réseau temps réel d’information » selon les définitions mêmes d’Evan Williams.

Twitter est un excellent exemple de la manière dont les internautes accèdent aux informations. Dans un journal classique le choix de l’information et le point de vue est imposé par l’équipe rédactionnelle. Sur le Net, le lecteur est son propre rédacteur en chef. C’est lui qui compose son journal et au besoin, sur un même sujet, confronte les points de vue.

La menace de l’infobésité et le poids de l’audience

Twitter à lui seul est accusé aujourd’hui de générer trop d’informations (la désormais commune infobésité), raison pour laquelle à en croire certains commentaires, la croissance est inférieure aux attentes. Dans le même temps ses 320 millions d’utilisateurs ne sont plus suffisants par rapport au 1,2 milliard de Facebook. Le CEO Dick Costolo, en a fait les frais en juin 2015 : la croissance n’étant pas au rendez-vous fixé par les investisseurs, il a été contraint de céder sa place.

Le nombre d’utilisateurs est évidemment un élément prépondérant sur les réseaux sociaux et sur Twitter. Ce sont eux qui construisent potentiellement une audience quasi illimitée et permettent de démultiplier une information dans des proportions sans commune mesure avec les chiffres données pour les journaux. Ce sont eux aussi qui continuent à faire croître la quantité d’information émise.

Il faut donc à la fois, réguler le flux d’informations et permettre une appréciation qualitative des utilisateurs.

Trouver rapidement l’information pertinente

La régulation des flux d’informations passe par une nouvelle organisation, des nouveaux moyens d’accès, un système plus efficace de recherche. L’apport de l’intelligence artificielle et du big data sera une fois de plus déterminante. En-dehors de moyens techniques déjà disponible, l’intelligence artificielle permettra en effet de proposer de nouvelles informations sur la base des articles lus précédemment, des centres d’intérêts, des tweets envoyés ou placés parmi ses favoris, des personnes ou sociétés suivies…

Et puis, il ne faut pas négliger l’avantage incontestable qu’offre la lecture sur les autres accès aux informations que sont les vidéos ou les enregistrements sonores : le gain de temps. Les informations écrites peuvent être balayées d’un coup d’oeil, un texte peut être survolé ou lu attentivement. Il est facile et rapide de se faire une première idée sur un article écrit. L’exercice est moins évident pour une vidéo qui bloque l’internaute pour de longues minutes pour un résultat non garanti.

Les publicitaires ont d’ailleurs bien compris l’intérêt d’un média qui rend l’utilisateur captif. Il est désormais difficile de couper aux vingt à trente secondes, voire davantage, de publicité, avant d’accéder à l’information sélectionnée. Les publicités écrites, même si elles sont plus nombreuses, peuvent au moins être ignorées.

Privilégier la qualité à la quantité des utilisateurs

Le nombre d’utilisateurs ne peut plus être le seul critère pour valoriser un compte. Avoir plusieurs millions de followers ne transforme pas forcément un twittos en influenceur. S’il n’a rien à dire ou s’il n’émet que des tweets sans intérêt, il n’influencera personne.

A la quantité, il faudrait donc ajouter une mesure plus qualitative pour éliminer les faux utilisateurs (les fakes) et donner davantage d’importance aux utilisateurs fortement impliqués dans le partage des informations et la qualité des informations diffusées.

Quel modèle économique ?

Le journal papier, principale source d’information il y a peu encore, est désormais supplanté par des réseaux sociaux qui permettent d’accéder à l’ensemble des publications disponibles dans le monde.

Pour autant, les solutions proposées sont loin d’être parfaites : le partage des informations doit être plus simple, le modèle économique reste à trouver. Beaucoup d’informations viennent encore des journaux traditionnels qui proposent des formules d’abonnement qui ne se prêtent plus aux usages réels. Personne ne lit un journal de la première à la dernière ligne. Chacun a ses centres d’intérêts et souhaite trouver, pour un même sujet, une information synthétique avant de décider d’accéder à un article plus fouillé avec si possible des points de vue différents. Twitter s’inscrit parfaitement dans cet usage : une accroche permet d’accéder à un article complet. Cet article peut lui-même renvoyer à d’autres développements. Des recherches complémentaires à partir des hashtags peuvent ensuite conduire à d’autres points de vue ou à approfondir une position.

Le référendum du 5 juillet 2015 en Grèce est une excellente illustration de cette démarche. Les articles des journaux français, chacun avec sa propre ligne éditoriale, peuvent être complétés par le point de vue des journaux allemands (l’Allemagne étant considérée par beaucoup de grecs comme le principal responsable de la situation), celui de pays dans une situation économique proche de la Grèce comme l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne, celui des Etats-Unis et de l’Angleterre qui incitent l’Europe à régler un problème « interne », celui de la Russie à l’affût pour obtenir des bases en Grèce et de la Chine qui investit déjà dans le pays et bien entendu, du principal intéressé, la Grèce avec sa majorité de partisans de l’« OXI » et pourtant une part importante de « NAI ».

Pour ce faire, encore faudrait-il parler, outre le Français, l’Allemand, l’Espagnol, le Portugais, l’Anglais, le Russe, le Chinois et le Grec, objectera-t-on. Aujourd’hui peut-être, et encore, demain sûrement pas ! Les progrès considérables réalisés dans le domaine de l’intelligence artificielle, permettront bientôt de lire et écouter, n’importe quel texte ou discours, en temps réel.

Même si en 2015 la traduction présente encore de nombreuses imperfections, les progrès réalisés grâce aux algorithmes de l’intelligence artificielles et aux systèmes d’auto-apprentissage, progressent rapidement. Là où aujourd’hui il faut encore une bonne dose d’interprétation pour comprendre certaines traductions, d’ici peu la traduction littéraire sera d’excellente qualité. Un système automatique d’interprétariat en temps réel nous permettant de discuter en toute fluidité avec n’importe quelle personne dans le monde entier, ne peut plus être considéré comme une pure utopie. Le temps où chacun pourra lire des textes étrangers aussi simplement que ceux écrits dans sa langue maternelle semble à portée de main. Les futurs traducteurs et interprètes devraient même pouvoir ajouter des explications contextuelles pour apporter un éclairage supplémentaire à ceux qui ne sont pas familiers de la situation locale.

Combien vaut une information ?

L’accès aux informations et la langue ne devraient donc bientôt plus être des freins. Reste le prix de l’information. Il n’est plus envisageable de dépenser ne serait-ce qu’un euro par jour ou 10 euros par mois pour chacun des médias existants dans le monde. De nouveaux modèles doivent donc être trouvés pour proposer une information entièrement gratuite ou du moins à un prix très compétitif. Le lecteur doit pouvoir lire un article d’une cinquantaine de lignes dans un journal de 32 pages, sans pour autant payer le prix complet du journal.

L’équation économique d’un journal tenu de se financer avec une audience de 50 000 personnes n’est évidemment pas la même que tel autre média disposant d’une audience de 500 millions de personnes.

Rapporté à cette audience, l’euro d’abonnement quotidien pourrait être ramené à 0,0001 €. Nul doute que ceux qui produiront vite une information de qualité, seront assez agiles pour s’adapter aux évolutions et verront grand, sauront trouver un modèle économique viable.

Plus iconoclaste et plus disruptif, Jacques Rosselin dans une tribune dans Rue89 (cf référence en fin de document) propose, pour simplifier, de financer directement les journalistes avec les subventions dont bénéficient les journaux, les transformant ainsi en intermittents de l’information. Il convient lui-même que la solution n’est sûrement pas aussi simple qu’il la décrit mais ajoute : « L’argent est là et le financement est possible mais les modalités d’un revenu de base ou d’un régime pour les professionnels de l’information ne sont pas simples. Se poser la question, c’est déjà faire un premier pas de côté… »

De jeunes médias qui ne demandent qu’à grandir

Face à la longue histoire de la presse, les réseaux sociaux et Twitter ont encore à construire la leur. Déjà de nouvelles initiatives voient le jour. Emmanuelle LeNeuf (@EmmanuelleL9), par exemple, a su créer sur Twitter un rendez-vous tous les matins de la semaine à partir de 7h30, et ce gratuitement évidemment, pour proposer une sélection de 10 tweets sur l’innovation et le numérique.

Ces informations sont certes plus ciblées que celles des journaux mais avec plus de 5000 followers en juillet 2015 et une croissance d’une centaine de followers par semaine, elle a su instituer un rendez-vous attendu, souvent suivi en direct (même s’il est évidemment possible de retrouver ces tweets sur son fil d’informations). Avec la magie des retweets, nul doute que son audience est déjà largement supérieure à celle de bien des médias traditionnels.

Hello_Twitter_EmmanuelleL9

Et demain ?

De nouveaux usages verront sûrement le jour. Acculées par les développements des nouveaux moyens de communication, les entreprises de Presse trouverons les moyens de se transformer et de s’adapter aux nouvelles donnes. Twitter et tous les réseaux sociaux embauchent déjà des journalistes en masse pour apporter plus rapidement, le meilleur contenu. In fine, c’est bien la qualité et la pertinence des informations diffusées qui permettront de faire le tri entre les différents médias.

En-dehors des professionnels de l’information et de quelques initiatives individuelles, un autre acteur important commence à se faire une place : l’entreprise.

Les entreprises sont toutes soucieuses de leur marque employeur, s’attachent à maîtriser leur e-réputation et ont besoin de communiquer pour se développer.

Les directions de marketing et de la communication sont les premières à s’intéresser aux nouvelles opportunités qui s’offrent à elles pour présenter leurs services et leurs produits, communiquer sur la diversité, la parité ou la gestion du handicap dans un environnement social et juridique très normé, construire une image valorisante pour leurs clients mais également leurs salariés.

Marque employeur et recrutement vont souvent de pair. Les actions d’amélioration de la réputation de l’entreprise permettent aux directions du recrutement d’attirer de nouveaux talents. Les réseaux sociaux permettent de partager des expériences, de mettre en avant les valeurs de l’entreprise et d’organiser des événements permettant de se démarquer de la concurrence.

Les collaborateurs sont les meilleurs ambassadeurs de leur employeur. Des plateformes en ligne leur permettent de partager ce qu’ils pensent de leur entreprise. Certaines entreprises l’ont bien compris et profitent largement des recommandations de leur salariés. Dans nombre d’entreprises, la cooptation est d’ailleurs le moyen le plus efficace et le moins onéreux de recruter de nouveaux collaborateurs.

La stratégie digitale de l’entreprise doit désormais inclure toutes les composantes de la société et surtout tous les salariés. Une partie de la communication peut ainsi être réalisée sur Twitter ou les réseaux sociaux. Cela permettrait à la fois de conforter un sentiment d’appartenance des salariés, de les fédérer autour d’un projet et en même temps, de montrer aux clients, aux partenaires ou aux futurs collaborateurs le dynamisme de la société et son engagement auprès de ses salariés.

Références :

Le Podcast de la chronique de Daniel-Cohn Bendit dans la matinale d’Europe 1 animée par Thomas Sotto :

http://www.dailymotion.com/video/x2v2aeu_jack-is-back-c-est-jack-l-eventreur_news

La chronique de Pierre Stephan (@pierrestephan), Consultant – cabinet Infhotep dans Les Echos du 09/06/15 :

http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-133666-twitter-nest-pas-un-reseau-social-1126626.php

L’étude publiée par Le Pew Research Center (Michael Barthel, Elisa Shearer, Jeffrey Gottfried et Amy Mitchell) le 14 juillet 2014 sur l’évolution de l’utilisation de Twitter et de Facebook pour s’informer :

http://www.journalism.org/2015/07/14/the-evolving-role-of-news-on-twitter-and-facebook/

La tribune de Jacques Rosselin dans Rue89 : « Transformer les journalistes en intermittents de l’info » :

http://rue89.nouvelobs.com/2015/07/01/transformer-les-journalistes-intermittents-linfo-260051