Ce texte a été publié en commentaire sur le blog l’Incisif en réponse à un l’article « Les réseaux sociaux dans l’entreprise française #Drame » de Stéphane Briot (@4h18).
Comme je vous l’ai indiqué cette nuit, j’ai passé un long moment dans l’espace affichant quatre lignes dans la zone de commentaires de votre blog et j’étais très énervé lorsque j’ai vu disparaître mon commentaire au moment de le publier.
Je vais quand même essayer de retrouver mon argumentaire.
Chacun pousse ses arguments pour défendre son point de vue et c’est très bien ainsi. Il arrive que pour étayer sa propre pensée on s’appuie sur les arguments de son contradicteur. Encore faut-il ne pas les dénaturer. Vous prétendez que j’avais écris « un billet qui tentait de démontrer que le FlashTweet est clairement un média d’influence ».
Je vous invite à relire mon article. Je n’ai jamais écrit cela. En revanche, j’ai écrit : « …la journaliste Emmanuelle Leneuf qui a su créer un rendez-vous quotidien sur Twitter au point que nombre de Twittos assistent en direct, entre 7h30 et 8h30 à la publication des dix Tweets numérotés du jour ». A su créer un rendez-vous quotidien. Difficile de le nier. Et à l’aune de la croissance du nombre de followers (même si je suis le premier à considérer qu’il faudrait un système de mesure plus qualitatif) on ne peut que reconnaître que c’est un succès : le nombre de followers augmente. Ils semblent donc y trouver un intérêt.
Le journal le Monde a créé une application « La Matinale » (cf mon article « Hello Twitter » dans lequel je le mentionnais) sur tablette et smartphone, qui présente une dizaine d’articles assez généralistes, avec l’objectif assez clair d’inciter ses lecteurs à les relayer, notamment sur Twitter. Certains d’entre eux présentent un intérêt et il m’est même arrivé d’un retweeter un (en changeant le commentaire par défaut).
La différence entre le Monde et FlashTweet ? Nous avons d’une certaine façon un concept relativement similaire : l’envoi dans un créneau horaire (la Matinale est diffusée à 7h) d’une dizaine d’informations destinées à être lues et relayées. Mais vous avez d’un côté un grand groupe de Presse avec des moyens considérables qui vend ses informations 2€ par mois (bon d’accord, 1,99€ !) et de l’autre une journaliste seule (accompagnée d’un petit groupe, je veux bien vous le concéder, même si personnellement, je n’ai aucun moyen de le vérifier) sans grands moyens qui fait quelque chose d’approchant gratuitement. N’ayant pas accès aux statistiques du Monde, je ne peux pas comparer les deux audiences. Cela dit, en-dehors des tweets réalisés par le journal lui-même, je n’en vois pas pléthore.
En ce qui me concerne, je reste persuadé qu’il y a moyen de créer des nouveaux usages et de faire évoluer Twitter (qui d’ailleurs en a bien besoin, si j’en juge les réactions encore récentes des marchés et les changements de gouvernance de l’entreprise). Instinctivement, j’ai l’impression que ce qui pourrait faire bouger les lignes, ce sont les entreprises.
Le sujet m’intéresse parce que je travaille dans un groupe de plus de 10 000 personnes qui en est encore aux balbutiements (comme beaucoup d’entreprises) en matières et réseaux sociaux et de Twitter : un peu de communication, du marketing, du sponsoring, du recrutement.
Mon premier intérêt pour le FlashTweet était de me demander si une transposition de cette initiative dans le monde de l’entreprise ne pourrait pas amener des modifications dans le mode de communication et dans la fédération des salariés. Je n’ai pas encore la réponse. Pour le moment je me pose des questions.
Nous recrutons environ 1400 personnes par an. Un tiers de ces embauches est réalisé au travers de la cooptation, c’est à dire l’implication des salariés. Pourquoi dans ce cas ne pas les utiliser plus largement pour, avec leur aide, toucher davantage de personnes, cette fois par forcément des proches, à travers, par exemple Twitter ?
Nous avons organisé en mai dernier notre troisième événement « hashtagué » #GoForIT au Parc des Princes avec l’équipe du PSG Handball que nous sponsorisons. Par notre communication sur différents canaux, dont Twitter, nous avons réuni plus de 300 candidats. Pour un groupe de notre taille, nous n’avons qu’une petite centaine de Twittos, dont un tiers environ un peu plus actifs (et parmi ce tiers, une grande majorité de chargé(e)s de recrutement). Combien aurions-nous attiré de candidats, si au lieu de 100, c’est 1000 twittos qui avaient relayés les messages ? Quand je regarde les résultats de l’analyse faite sur le FlashTweet, je pense que nous en aurions eu plus de dix fois plus (pour mémoire, les 23 RT sur le Tweet qui invitaient les lecteurs à lire mon article ont conduit plus de 600 personnes à s’y rendre !).
De même, nous venons de signer de gros contrats qui nous permettent de recruter 150 personnes à Nantes. Nous avons organisé, en catastrophe, un événement de recrutement le 27 juillet dernier à Nantes, largement diffusé sur Twitter. Je n’ai pas encore les résultats de l’opération. Elle me laisse cependant un goût d’inachevé. Nous aurions probablement pu drainer davantage de monde et surtout, nous aurions pu en profiter pour faire de cet événement un grand moment de communication, pour mettre en avant la marque employeur et donner une image positive au milieu de tant de catastrophes (pour une fois les medias auraient pu parler des entreprises qui embauchent et non celles qui licencient !).
Sur un autre plan, nous avons fait une excellente affaire en sponsorisant le PSG Handball. L’équipe a tout gagné l’an dernier (en-dehors de la coupe d’Europe). Cinq champions du monde étaient dans l’équipe. Cette année les frères Karabatic sont venus la renforcer. Chaque fois que les joueurs sont pris en photo ou passent à la télévision, ils mettent en avant le logo de l’entreprise bien placé à l’avant du maillot. Les opérations menées autour de l’équipe lors des matchs, avec les enfants des salariés ou des clients ou dans nos locaux, ont créé une dynamique palpable au sein de l’entreprise.
En terme d’image et de notoriété ce partenariat nous donne une visibilité dont nous n’aurions pas pu rêver il y a seulement deux ans (qui s’intéresse à des ESN ?). Mais là aussi, nos interventions sur Twitter sont relativement limitées. Nous pourrions utiliser ce partenariat pour changer radicalement nos habitudes de communication.
Au printemps prochain nous organiserons avec le PSG Handball un événement énorme (plusieurs milliers de participants). Nous cherchons encore les moyens de valoriser cet événement au mieux et Twitter pourrait y jouer un rôle central.
J’ai plein d’autres exemples (certains plus proches du cœur de notre métier) mais je pense que vous aurez compris mon propos.
Je vous invite également à consulter mon compte Twitter. Vous verrez que je pousse pas mal de portes et même si je n’ai probablement pas votre niveau de connaissance des arcanes de Twitter, je sais trouver les informations qui m’intéressent, je ne m’arrête pas aux limites hexagonales (je tweete généralement dans la langue de l’article relayé pour prévenir le lecteur) et j’ai quelques followers intéressants (pas tous, je le sais bien). J’essaye aussi d’apporter de la valeur ajoutée (je fais assez peu de RT simples) et évite les tweets ou commentaires trop triviaux.
(Si je peux me permettre, j’ai pris un peu de temps pour lire votre fil cet après-midi et le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas le cas de votre côté. Il y a certes peu de fleurs et de cœurs mais je me demande si je ne préfère pas cela à certains de vos messages. J’ai noté un vrai grand écart entre certains de vos textes et ce que vous tweetez. Au point de me demander si je ne m’étais pas trompé.)
Bref, revenons à mon propos. Je reste persuadé qu’il faut trouver de nouveaux usages aussi bien pour les utilisateur que pour le medium. Et quoi que vous en pensiez, le FlashTweet est un nouvel usage (ou du moins un usage pensé différemment) et en cela reste une excellente idée. Au passage, dans votre diatribe contre le FlashTweet, vous ridiculisez l’usage des numéros. Je ne vous suis pas sur ce point. Comme je l’ai indiqué dans mon article, cela donne une signature et permet de retrouver facilement les messages au milieu de la déferlante des lecteurs du FlashTweet mais également des autres. Lorsque je voulu trouver les 200 derniers messages, cela m’a également été fort utile.
Sur ce point également j’ai quelques idées. La TimeLine actuelle n’est plus très efficace et Twitter y réfléchit. J’ai dans l’idée un système multi-canal au sein même d’un compte. Ce n’est pas encore très précis mais je verrais bien un système, automatique bien sûr, basé sur un algorithme d’Intelligence Artificielle auto-apprenant, qui classerait les tweets par type. Ce n’est pas très clair mais j’ai la conviction qu’il y a de l’idée.
Plutôt que de critiquer des initiatives comme le FlashTweet, je préfère relever les utilisations positives et même si, comme vous le dites, il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil, il y a quand même une approche différente et un savoir-faire original qui méritent d’être pris en compte. Une fois de plus, vous en savez probablement beaucoup plus que moi (pour information, même si je suis inscrit sur Twitter depuis longtemps, je ne m’y intéresse vraiment que depuis le premier janvier de cette année : ma résolution de début d’année), mais je n’ai pas encore trouvé un exemple approchant (j’en ai vu d’autres, intéressants également).
Tout le monde n’a pas le temps de passer des heures à chercher des informations (et certains dorment la nuit !). Comme vous l’indiquez il existe des moyens d’accéder rapidement aux informations. Le FlashTweet est un de ces moyens. Reconnaissez qu’en moyenne, les articles proposés par Emmanuelle Leneuf (pour peu qu’on s’intéresse aux sujets traités) sont quand même d’un intérêt largement supérieur aux nombreuses « informations » qui « trainent » sur les fils.
Cette nuit, pour finir, je vous posais une question : avec les connaissances que vous avez et votre expérience sur Twitter pourquoi ne proposeriez-vous pas des alternatives ?
La question reste posée. Je dois cependant vous avouer que mon petit voyage sur votre fil cet après-midi m’a laissé perplexe. J’ai déjà eu l’occasion de vous exprimer mon étonnement sur certains de vos propos, vos centres d’intérêts (j’y ajoute certaines images). Tout cela n’est rien cependant, comparé à ma dernière découverte : votre « didacticiel » consacré à Twitter. Lorsque je suis tombé sur cette vidéo Périscope, je l’ai ouverte plein d’espoir. J’allais enfin trouver les réponses à certaines de mes questions et pousser mes propres réflexions pour innover.
10 minutes plus tard, je vous avoue que j’en suis resté un peu abasourdi. Tout ça pour ça ! Comment quelqu’un qui semble avoir une telle maîtrise de Twitter peut-il commettre cela ? Aussi bien sur le fond que sur la forme, le sujet est très décevant. Une fois de plus, quand je compare ce que vous écrivez avec ce que vous dites dans cette vidéo, il y a plusieurs mondes. Je ne l’ai vu qu’une fois (j’estimais déjà avoir perdu assez de temps) et n’ai donc pas tout en tête. Dans mon souvenir je ne trouve cependant rien de transcendant et surtout beaucoup de banalités. J’ai cependant noté votre phrase de conclusion « Twitter est un réseau social comme un autre ». Je me suis alors rappelé la phrase d’Evan Williams, le cofondateur de Twitter que j’avais mis dans mon article « Hello Twitter » : « Twitter est un réseau d’information, même si certains veulent en faire un réseau social ».
Je vais en rester là. J’espère vous avoir montré les raisons de mon intérêt pour Twitter. J’ai encore beaucoup de choses à découvrir (mais j’apprends vite !).
PS : ce débat sur le FlashTweet a également donné lieu à une interview croisée entre Pascal Trambouze (@acteurvente) et Stéphane Briot sur le blog « Couscous Royal » de Magali Heberard (@mheberard)
Références
Article « Les réseaux sociaux dans l’entreprise française #Drame » de Stéphane Briot (@4h18) sur le blog l’Incisif : http://www.lincisif.fr/societe/les-reseaux-sociaux-dans-l-entreprise-francaise-drame …
Interview croisée sur le blog « Couscous Royal » de Magali Heberard « #FlashTweet : innovation ou gadget ? » : ttp://wp.me/p4FeXi-yb